Changement climatique, sécheresse, baisse de
la qualité et de la quantité des ressources hydriques et alimentaires
disponibles, conflits politiques, tensions sociales… la famine gagne
chaque jour un peu plus de terrain en Afrique, et cela n’est pas près de
s’arrêter.
Triste constat : la famine est de retour sur le continent africain.
Cela fait plusieurs mois que le manque d’eau aggravant l’insécurité
alimentaire continue de frapper chaque jour un peu plus durement de
nombreux pays comme, entre autres, l’Ouganda, le Soudan du Sud, le
Kenya, la Somalie, l’Éthiopie, le Nigéria ou encore la Tanzanie.
À l’heure où 20 millions d’Africains touchés par ce phénomène
ressentent le besoin de recevoir une assistance humanitaire de toute
urgence, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture (FAO) avance dans une étude poussée que vingt-huit des
trente-sept pays nécessitant une aide alimentaire externe dans le monde
proviennent d’Afrique.
La principale raison de cette famine sans précédent durant les
dernières décennies est la hausse constante des températures à la
surface du globe qui, aujourd’hui encore, est loin d’être maîtrisée, et
ce, malgré les débuts de solution apportés ainsi que les efforts
collectifs réalisés aux quatre coins du monde. Visiblement, ce qui a été
fait jusqu’à maintenant ne suffit toujours pas.
Selon les experts de l’Agence Française de Développement (AFD), la
situation est grave. Ils estiment que d’ici la fin du siècle, les
températures auront augmenté d’au moins 3°C en moyenne à l’échelle
planétaire. Pour les régions du monde les plus arides comme le continent
africain, cela pourrait provoquer un déficit pluviométrique important,
une forte baisse de la qualité et de la quantité des ressources
hydriques disponibles, une dégradation des sols, une perte de fertilité
des terres et par conséquent une très importante chute des rendements
agricoles.
Le pire reste-t-il donc à venir ? Pas forcément. Pas si la communauté internationale réagit.
Au-delà de la dimension environnementale du problème, un second
facteur aggrave la situation : la faible mobilisation des pays
occidentaux. Dans ce sens, Françoise Sivignon, Présidente de Médecins du
monde, déplore que la répétition régulière des périodes de sécheresse
et de famine en Afrique provoque une certaine lassitude, une
accoutumance, une sensation d’impuissance perçue par le reste du monde
face à l’ampleur de cette crise humanitaire.
La sensibilisation ne passe plus. La solidarité s’efface. Les
investissements faiblissent. À titre informatif, pour le moment,
seulement 20 % des 4,4 milliards de dollars nécessaires pour mettre un
terme à la guerre de la faim ont été mis sur la table.
Autre problème de taille : la pauvreté, les tensions sociales, les
violences et l’instabilité politique déchirent certaines nations là où
les populations sont affamées, là où les hommes de pouvoir sont
bousculés par le peuple, là où des combats compliquent la libre
circulation de denrées alimentaires, là où la faim est devenue une arme.
Apporter une solution à la crise alimentaire en Afrique, c’est
s’engager pleinement dans la lutte contre le réchauffement climatique,
mais pas seulement. C’est aussi prendre position dans des conflits
politiques locaux complexes qui diffèrent d’un pays à un autre. Dans de
telles conditions, beaucoup de puissances occidentales choisissent de ne
pas se prononcer, de fermer les yeux, de laisser faire…
Triste projection : en 2018, l’Afrique devrait être marquée par une
crise alimentaire encore plus forte et répandue que cette année.