Le Soudan évoque des images mentales farouches : famines, rebelles,
désert, sécheresse… Le photographe Claude Iverné n’en a pas rapporté de
telles. Parti en 1999 sur le Darb al-Arba’ïn, la piste reliant l’Egypte
et le Darfour, il revient envoûté par le pays. Il y retourne à plusieurs
reprises pour s’imprégner des paysages qu’il immortalise à la chambre
dans des tonalités de gris. Issu de la mode et de la publicité, Claude
Iverné n’est pas un reporter. A la Fondation Henri-Cartier-Bresson,
un alignement de ses petits tirages noir et blanc livre un album
atemporel, volontairement sous-exposé, du Nord-Soudan. L’ensemble
ressemble à des vues anthropologiques du XIXe siècle. On y reconnaît l’architecture délicate et géométrique de la Nubie : des qubbas – ces tombes islamiques en forme de mamelons – voisinent avec d’élégantes pyramides et des tukuls –
maisons au toit ressemblant à des chapeaux de paille. Claude Iverné
assemble dans les années 2000 un répertoire de formes originales.
Sa méthode n’est pourtant pas scientifique.
Photographe nomade, il privilégie la souplesse, la lenteur et se fait poreux au sirocco, aux grains de sable et aux détails incongrus. Comment ne pas être touché par la photographie de la maison de Fayçal Mohamed Jaber à Khartoum ? Bloc de terre rectangulaire aux arêtes douces façonnées à la main, la maison se distingue par une paire de cornes juchée sur un coin. Plus loin, la piste des Quarante Jours, photographiée sous un soleil de plomb, évoque un paysage enneigé.
C’est ce travail qui a convaincu le jury du prix HCB d’épauler Claude Iverné, lauréat en 2015, pour la suite de ses déambulations soudanaises. La bourse lui a permis d’aller au Soudan du Sud. A Juba, la capitale, il photographie cette fois en couleur une remise de diplômes, des scènes de rue, un salon de coiffure, un bouclier en peau d’hippopotame. Mais sur place, l’aventure se corse : le photographe essuie des tirs. Qu’à cela ne tienne, il continue en France et rencontre des Soudanais dans la vallée de la Roya. Il tire le portrait de demandeurs d’asile à Trégastel, sur un fond bleu. Il entre dans des associations de soutien aux migrants. Si bien qu’à la fin, on retient un kaléidoscope d’impressions soudanaises et des textures paradoxalement douces de cette région du monde.
Photographe nomade, il privilégie la souplesse, la lenteur et se fait poreux au sirocco, aux grains de sable et aux détails incongrus. Comment ne pas être touché par la photographie de la maison de Fayçal Mohamed Jaber à Khartoum ? Bloc de terre rectangulaire aux arêtes douces façonnées à la main, la maison se distingue par une paire de cornes juchée sur un coin. Plus loin, la piste des Quarante Jours, photographiée sous un soleil de plomb, évoque un paysage enneigé.
C’est ce travail qui a convaincu le jury du prix HCB d’épauler Claude Iverné, lauréat en 2015, pour la suite de ses déambulations soudanaises. La bourse lui a permis d’aller au Soudan du Sud. A Juba, la capitale, il photographie cette fois en couleur une remise de diplômes, des scènes de rue, un salon de coiffure, un bouclier en peau d’hippopotame. Mais sur place, l’aventure se corse : le photographe essuie des tirs. Qu’à cela ne tienne, il continue en France et rencontre des Soudanais dans la vallée de la Roya. Il tire le portrait de demandeurs d’asile à Trégastel, sur un fond bleu. Il entre dans des associations de soutien aux migrants. Si bien qu’à la fin, on retient un kaléidoscope d’impressions soudanaises et des textures paradoxalement douces de cette région du monde.