Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a
déclaré que la France ferait pression en faveur du retrait du Soudan de
la liste noire américaine des
« Etats soutenant le terrorisme », à l’occasion d’une visite à Khartoum lundi.
Lors de cette visite, la première du genre de la part d’un haut
diplomate français en plus d’une décennie, M. Le Drian a également
plaidé pour la réintégration du Soudan à la communauté internationale.
Le déplacement de M. Le Drian intervient alors que le Soudan est
entré dans une période de transition, après des décennies
d’autoritarisme sous Omar el-Béchir, destitué par l’armée le 11 avril
sous la pression populaire.
« Je préfère mourir plutôt que de retourner au Soudan »
« Nous allons user de notre influence pour que le Soudan soit retiré de cette liste » américaine,
a indiqué le ministre français lors d’une conférence de presse avec son
homologue Asma Mohamed Abdallah, la première femme à tenir ce poste au
Soudan.
Cela permettrait
« une relation nouvelle (du Soudan) avec les
institutions financières (…) Les engagements pris, la manière dont
l’armée a perçu son rôle pendant cette période, tout cela va dans le
sens d’une sortie du Soudan de cette liste », a-t-il répondu à une question de l’AFP sur le sujet.
Le Soudan est inscrit sur la liste noire depuis 1997L’inscription
depuis des décennies du Soudan sur cette liste et les sanctions
américaines imposées pendant 20 ans (1997-2017) ont isolé ce pays et
asphyxié son économie. La contestation qui a mené à la destitution de M.
Béchir a été déclenchée en décembre 2018 par le triplement du prix du
pain.
Les Etats-Unis avaient accusé le Soudan de soutenir des groupes
jihadistes –le fondateur du réseau Al-Qaïda, Oussama ben Laden, a vécu à
Khartoum entre 1992 et 1996– et de violation des droits humains
notamment au Darfour.
M. Le Drian a également rencontré le Premier ministre Abdallah Hamdok
et le général Abdel Fattah al-Burhane, chef du Conseil souverain, un
organe composé à la fois de civils et de militaires, fruit d’un accord
âprement négocié entre l’armée et la contestation sur la période de
transition.
Il a aussi réitéré le soutien de la France à Khartoum face aux défis à
venir: reconstruire une économie moribonde et conclure des accords de
paix avec les groupes rebelles dans les zones de conflit des Etats du
Darfour, du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu.