Les Etats-Unis ont réaffirmé mardi, 13 novembre, qu’ils étaient prêts
à retirer le Soudan de la liste des Etats soutenant le terrorisme.
Pourquoi les Etats-Unis sont-ils obligés de changer de fusil d’épaule ?
Pour certains observateurs, l’Iran détient quelques clés de réponse.
Mais aussi le Soudan du Sud.
“Les Etats-Unis sont prêts à initier le processus d’annulation de la
désignation du Soudan en tant qu’Etat soutenant le terrorisme, à
condition que l’on puisse déterminer que tous les critères statutaires
concernés ont été remplis et que le Soudan progresse dans sa résolution
des six domaines clés de préoccupation commune priorisés dans le cadre
de travail de la Phase II (de notre dialogue stratégique)”, a déclaré, à
Khartoum, devant la presse, le chargé d’affaires américain, Steven
Koutsis.
Les Etats-Unis ont, donc, lancé la seconde phase du dialogue
américano-soudanais, conçu pour élargir la coopération, faciliter les
réformes significatives au Soudan et poursuivre les progrès dans un
certain nombre de domaines qui font, depuis longtemps, l’objet d’une
préoccupation commune, a-t-il indiqué.
La Phase II inclut l’élargissement de la coopération dans la lutte
contre le terrorisme, le renforcement du respect et de la protection des
droits de l’Homme, la cessation des hostilités internes pour créer un
environnement qui fasse avancer le processus de paix au Soudan,
l’adoption des mesures nécessaires pour répondre à certaines
problématiques en suspens liées au terrorisme et l’adhésion aux
résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU concernant la République
populaire démocratique de Corée, ce qui est curieux dans la mesure où,
au même moment, les Etats-Unis sont en négociation pour signer un accord
de dénucléarisation avec Pyongyang. C’est comme si Washington utilisait
tous les moyens pour isoler la Corée du Nord qui entretient de bonnes
relations avec Khartoum, afin de bien l’isoler dans un premier temps, ce
qui lui faciliterait la signature d’un accord entre les deux pays dans
un deuxième temps, une fois la Corée du Nord affaiblie.
Les Etats-Unis utiliseraient la même stratégie à l’endroit de l’Iran
qu’ils entendent à tout prix isoler diplomatiquement et asphyxier
économiquement. Pour y parvenir, Washington compte sur un allié de poids
de Téhéran en Afrique, à savoir, le Soudan. Il y a aussi le Soudan du
Sud, une création américaine dont le but, au départ, était d’affaiblir
Omar el Béchir. Le Soudan du Sud connaît, malheureusement, une guerre
civile depuis plus de deux ans entre Salva Kiir, le président de la
République et son vice-président, Riek Machar. Or, Machar a comme
protégé Omar el-Béchir (notre photo). Khartoum est sa base de repli avec
son staff depuis le début des troubles. Autrement dit, Khartoum a de
l’influence sur l’issue du conflit chez le protégé américain (Soudan du
Sud). Il n’est donc pas inintéressant pour Washington d’assouplir sa
politique à l’endroit de Khartoum au regard du rôle central que le
Soudan joue dans les dossiers de l’Iran et du Soudan du Sud.
La première phase du dialogue stratégique entre Khartoum et
Washington, le “Programme à cinq branches”, a culminé avec la levée des
sanctions économiques américaines contre le Soudan.