الثلاثاء، 25 سبتمبر 2018

Washington-Pekin : guerre commerciale

Le bras de fer se raidit entre Pékin et Washington. Pour rééquilibrer une balance commerciale défavorable, Trump a lancé une nouvelle offensive. Au-delà de la guerre commerciale et de la confrontation sur la technologie et l’innovation qui se profile, c’est une guerre pour l’hégémonie.
President Donald J. Trump and President Xi Jinping, 8 July 2017, Germany, the G20 Summit.
President Donald J. Trump and President Xi Jinping, 8 July 2017, Germany, the G20 Summit.• Crédits : Wikicommons / Official White House Photo by Shealah Craighead
Autour de Christine Ockrent :
Sebastien Jean, Directeur du CEPII (Centre de recherche français dans le domaine de l’économie internationale).
“Il est important de rappeler que la campagne de Donald Trump a été très agressive à l’égard de la Chine, avec des termes très crus, ‘La Chine a violé les Etats-Unis’…par exemple, il y avait vraiment une montée très forte à ce niveau-là.” “Pendant l’année 2017, il y a eu un renforcement dans l’activité des droits anti-dumping, mais surtout les Américains ont lancé l’enquête sur les transferts de technologie forcés de la chine, le non respect du droit de propriété intellectuelle (c’est venu à échéance en mars 2018). Le prétexte officiel est focalisé sur les technologies, le droit de propriété intellectuelle”.
“Il y a une obsession de Donald Trump pour les déficits commerciaux, c’est à commencer par là, y compris dans la dimension bi-latérale, ‘ils nous volent, ils gagnent sur nous, 500 milliards par an…’ Il y a un glissement progressif qui s’est produit et qui a déplacé le terrain vers quelque chose de beaucoup plus profond, qui est la rivalité stratégique entre la Chine et les Etats-Unis, en particulier sur le secteur de haute technologie.”
En duplex depuis Genève, Mathilde Lemoine, Professeur de macro-économie à Sciences Po Paris, Group Chief Economist d’Edmond de Rothschild et ancien membre du Haut Conseil des finances publiques. Elle a co-publié Les grandes questions d’économie et de finance internationales : décoder l’actualité De Boeck 2016.
“Cet engrenage trouve son origine dans la perte de compétitivité de l’économie américaine d’une part, et d’autre part dans les ambitions affichées de Xi Jinping et sa détermination à faire de la chine un leader mondial.”
“Les Etats-Unis se sont réveillés, en voyant le monde s’accélérer sans eux… Il y a eu l’européanisation au début des années 2000, et il y a en ce moment l’asiatisation… L’Asie a pris une part beaucoup plus importante…. La crise financière a mis exsangue les économies occidentales. Et la chine en a profité pour prendre du leadership. C’est un contexte macro-économique très différent qui s’est ouvert, depuis la crise financière et qui a renforcé la détermination américaine a essayer d’obtenir des concessions chinoises dans le dialogue bilatéral”.
Depuis Bruxelles, Pascal Lamy, Président d’honneur de Notre Europe – Institut Jacques Delors, ancien Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il a publié avec Nicole Gnesotto, Où va le Monde? chez Odile Jacob.
« Il y a deux interprétations possibles à l’ agressivité internationale sur le plan commercial de Trump : soit il essaie de foutre en l’air le système construit depuis 70 ans, de casser le multilatéralisme pour revenir au bilatéralisme…, soit, comme il le dit dans son livre, désormais célèbre, The Art of the deal… : ‘ pour bien négocier, il faut donner des coups de poings à son adversaire, pour bien le déstabiliser et puis après le soulager ‘, c’est peut-être ce qu’il est en train de faire, il secoue le système, non pas pour le détruire, mais pour l’améliorer au profit des Etats-Unis, et d’ailleurs, de ce point de vue-à, on doit le créditer, quelle que soit notre opinion, d’avoir mis cette question chinoise sur la table ».
Depuis Boston, Philippe Le Corre, chercheur à la Harvard Kennedy School et contributeur à l’Institut Montaigne. Il a publié avec Alain Sepulchre, L’offensive chinoise en Europe, chez Fayard en 2015.
“Trump a réussi à déstabiliser le leadership chinois…” “En chine, beaucoup d’analystes, de responsables se demandent, si les Chinois ont bien fait d’être aussi offensifs sur le plan rhétorique, commercial et technologique, face à des Etats-Unis, un Occident qui répondaient mollement jusqu’à l’arrivée de Donald Trump, qui a réussi à rallier du monde, face à une Chine qui semble prendre des positions contre l’Occident.”
La revue de presse d’Eric Chol de Courrier International
Eric Chol, Directeur de la Rédaction de Courrier International propose une sélection d’articles sur lesconséquences de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis sur la politique intérieure chinoise.
Plusieurs journaux le relèvent, la montée des tensions à laquelle on assiste depuis le début de l’année, et qui s’est accélérée ces derniers jours, n’est pas forcément du goût de tout le monde en Chine, et notamment au sein des classes moyennes .
Comme l’écrit le South China Morning Post,
« la guerre commerciale de Donald Trump a peu de chances de renverser le modèle politique et économique en Chine. Mais il pourrait donner un coup de pouce aux partisans d’une ligne dure à Pékin, ceux qui cherchent à renforcer le contrôle de l’Etat et les restrictions sur la société » » ; et le journal hongkonais poursuit : « ce sont les classes moyennes qui risquent d’en faire les frais ».
Ce débat sur la politique économique agite depuis plusieurs mois le Parti communiste chinois, où s’affrontent deux tendances. Officiellement, les médias chinois prônent toujours l’ouverture et la réforme, rapporte le magazine américain The Atlantic, qui consacré une longue enquête sur l’impact politique de cette guerre commerciale. Mais cette année, poursuit le journal, le 40ème anniversaire de célébration des réformes de Deng Xiaoping a été jeté aux oubliettes pour vénérer Xi Jing ping et son père, un ancien pilier du régime communiste. Un tournant qui ne plait guère à une partie de l’élite chinoise, qui se montre préoccupée par cette priorité donnée par Xi Jinping au rôle de l’état dans l’économie. En privé, certains intellectuels et universitaires ont même confié à l’auteur de l’article de The Atlantic qu’ils soutiennent bien sûr avec prudence, la guerre commerciale initiée par Donald Trump, car ils considèrent que cette colère de l’Amérique est sans doute le seul moyen de faire pression sur Xi Jinping et de revenir à une politique de libéralisation.
Cette élite libérale a-t-elle une chance d’être écoutée ?
Rien n’est moins sûr, tant les divergences sont fortes au sein du pouvoir. En réalité, ces libéraux défendent les intérêt de la nouvelle classe moyennes chinoise, composée de cadres ou de petits entrepreneurs privés qui représente entre 300 et 400 millions de chinois, aujourd’hui, mais qui, selon Le South China Morning Post, pourrait ne pas se monter aussi patriotes que le souhaite le gouvernement. Aux yeux de Pékin, écrit le quotidien, tout doit être mis en œuvre pour ponctionner davantage le secteur privé chinois, en faveur de l’Etat, des dépenses publiques d’infrastructures et des investissement dans les entreprises publiques, une stratégie destinée à contrebalancer l’impact de la guerre commerciale. Le journal poursuit :
« cette guerre commerciale peut offrir une opportunité aux faucons de nettoyer cette pensée libérale, devenue populaire au sein des classes moyennes ces dernières années ».
Au final, insiste le commentateur politique du South China Morning Post, cette guerre commerciale pourrait permettre à Pékin de sacrifier la classe moyenne pour revenir à une vision plus conservatrice du pays.
Sur le plan externe, la Chine cherche de nouveaux amis
En effet, on voit depuis quelques semaines Xi Jin ping partir en campagne pour recruter de nouveaux soutiens et en particulier, les alliés traditionnels des Etats-Unis , comme le Japon, l’Europe ou l’Inde , raconte la Nikkei Asian Review. On a ainsi vu Xi Jinping se rendre à ma mi-septembre au Forum économique d’Orient à Vladivostok, une première pour le président chinois, et discuter en marge du sommet avec le premier ministre Shinzo Abe. Signe du réchauffement diplomatique entre les deux pays, un sommet sino-japonais est déjà programmé pour le mois d’octobre en Chine. «
“Mais attention, prévient l’hebdomadaire japonais, même si Xi fait preuve d‘une attitude amicale, le monde doit continuer à rester prudent avec Pékin.”

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