Le président sud-soudanais Salva Kiir et le leader de l’opposition
armée Riek Machar ont signé un accord de paix ce mercredi 27 juin à
Khartoum où les deux ennemis se rencontrent depuis le début de la
semaine, sous la pression de la communauté internationale. L’accord qui
s’intitule « Déclaration de Khartoum » comprend notamment un
cessez-le-feu. Un accord qui est pourtant accueilli avec prudence par de
nombreux observateurs, notamment par l’ambassadeur américain à Juba,
John Hushek. Entretien.
La signature de cet accord de paix est-elle un bon signe ?
La signature de cet accord de paix est-elle un bon signe ?
Je pense que c’est encourageant que les deux hommes se soient
rencontrés, car il serait impossible de négocier une paix sans ces deux
leaders. Mais est-ce que cela va être suffisant pour qu’il y ait une
paix durable ? On verra. Pour revitaliser ce processus de paix, qui a
échoué à plusieurs reprises, il faut vraiment être le plus inclusif
possible. Cela a été le cas lors du lancement des discussions le mois
dernier. La société civile et d’autres partis politiques étaient
présents. Mais depuis qu’on a commencé à parler d’une rencontre
Kiir-Machar, toute référence au côté inclusif a complètement disparu.
Donc, pour vous, pour que ces négociations puissent aboutir, il faut qu’elles incluent tout le monde ?
Je pense que c’est l’un des ingrédients essentiels pour que le
dialogue continue, mais il faut également que les hostilités cessent
durablement et qu’on puisse imposer un cessez-le-feu. Le dernier signé
en décembre l’année dernière n’a été respecté ni d’un côté, ni de
l’autre. Et une des raisons à cela, c’est qu’il n’y avait pas de
mécanisme pour le faire respecter, il n’y avait pas de retombées sur
ceux qui le violait. Maintenant qu’on demande à ces deux leaders de
s’engager à nouveau à respecter un cessez-le-feu, je pense qu’il faut
réfléchir à comment faire en sort que la volonté politique soit
maintenue de part et d’autre.
Quand vous parlez de pression, vous pensez à des sanctions ?
Oui, c’est clairement un moyen de pression. Les Etats-Unis ont été
partisans de sanctions afin de mettre une pression sur les deux parties,
et de s’assurer que le jour où ils s’assoient à la table des
négociations, ils viennent avec la ferme intention de faire des
compromis qui sont nécessaires. Les sanctions que nous avons prises ont
suscité beaucoup d’intérêt. Mais elles n’ont pas été soutenues par les
pays de la région, par l’Igad, ni même par l’Union africaine. Donc,
aujourd’hui, notre priorité est de faire pression sur les pays de cette
région pour qu’eux-mêmes fassent pression sur les deux parties.
Et vous pensez que les sanctions ont permis que les deux hommes reprennent les discussions ?
Je pense que le fait que le monde entier soit en train de regarder le
Soudan du Sud a un certain poids. La façon dont la communauté
internationale perçoit le président Kiir et le leader de l’opposition
est importante. Il y a même des personnes haut placées au sein de l’Igad
qui pensent que ceux qui violent un cessez-le-feu devraient être tenus
pour responsables.
Vous voulez dire que la communauté internationale en a assez de ce conflit qui s’éternise ?
L’Igad a dépensé beaucoup de temps et d’énergie. Donc, oui, ceux qui
se sont investis dans le processus sont en train de perdre patience.
Tout comme les Etats-Unis qui se sont beaucoup investis au Soudan du Sud
ces dix dernières années. Tout cela fait que, oui, nous perdons
patience face à un conflit qui perdure et à une volonté politique qui
jusqu’à présent a manqué.
Seriez-vous prêt à prendre des sanctions contre les deux belligérants eux-mêmes ?
Nos sanctions ont été appliquées de façon croissante. Au départ,
elles ont ciblé des individus sur le terrain, des commandants
militaires. Mais récemment nous avons ciblé des gens plus haut placés
comme par exemple des ministres du gouvernement. Et si nous voyons qu’il
y a un manque de progrès dans ces discussions, il y aura en effet une
pression de plus en plus accrue de la part des Etats-Unis.
ليست هناك تعليقات:
إرسال تعليق